Dimanche 29 septembre 2019
Premier réveil sur les côtes siciliennes. La nuit a été bonne au son du clapotis de l’eau. Là encore nous retrouvons vite nos bonnes habitudes… Fab se lève en premier, comme toujours quand nous sommes en combi vw. Son petit plaisir et son petit rituel des réveils en van : la préparation du café pendant que Nat profite entièrement du lit !
Il n’est pas encore 7h30… nous allons tenter de nous mettre au rythme du soleil. Nous nous sommes aussi levés tôt parce qu’on voudrait faire la randonnée dans la relative « fraîcheur » de la matinée. Mais également pour ne pas avoir à croiser les gardiens de jour du parking payant où nous nous sommes installés pour la nuit.
Pour ce premier petit dej’, ce sera tartines de chocolade et café face à la mer. Fab a décidé de nous installer à l’extérieur. Nous sommes entourés de toute part par de magnifiques chaînes montagneuses… derrière nous la réserve Zingaro où l’on prévoit d’aller marcher demain.

En route pour le Monte Cofano
Vaisselle faite, on doit prendre la route, direction le gros cailloux qui nous fait de l’œil depuis que nous longeons la côte. C’est le Monte Cofano, un imposant pic rocheux culminant à 543m venant plonger dans la mer. C’est une réserve naturelle. On peut en faire le tour à pied par l’une des deux entrées ou monter au sommet. Avec notre petite forme du moment nous envisageons plutôt l’option « easy » et visons l’entrée Ouest par le village de Cornino.
Il nous faut donc contourner la montagne. On décide de continuer la petite piste qui doit amener d’après Fab à l’entrée Est du Monte Cofano. On longe la mer. Il y a de chouettes endroits pour se poser pour la nuit. Le ciel est ponctué de nuages blancs est légèrement voilé ; ce sera parfait pour la rando !

En bout de piste, à un ou deux kilomètres, on se retrouve effectivement au niveau de l’entrée Est du Monte Cofano où un départ de randonnée est possible. On s’arrête quelques minutes pour que Nat fasse des photos et pour que Fab regarde le moteur de Josy et lui apporte quelques petits réglages carbu.

La première mission de la journée sera de trouver de quoi faire le picnic (même si on se dit que au pire on trouvera bien un petit resto après la rando). Dans l’idéal il faudrait que l’on achète du pain, un peu de charcuterie, quelques légumes et des fruits. C’est un peu inespéré car nous sommes dimanche et il n’y a pas vraiment de ville sur le trajet.
Quelques kilomètres après avoir retrouvé la grande route, on traverse une bourgade à l’atmosphère « étrange », abandonnée, un peu austère, organisée autour de la route principale. Et il semblerait qu’une boucherie se cache derrière des rideaux vintages fait de grosses cordes colorées allant du orange au beige (rideaux que nous retrouverons d’ailleurs devant chaque vitrine tout au long de notre trip en Sicile).
On s’arrête et finalement on trouve notre bonheur dans les trois petits commerces ouverts de part et d’autre de la route. Ils étaient faits pour nous ! Les étals ne sont pas très fournis mais on repart avec de la roquette en vrac, du pain, et des tranches de jambon du charcutier qui nous a clairement pris pour des jambons (quand les prix ne sont pas affichés, c’est mauvais signe surtout avec notre italien en langue des signes) « cuatro » tranches on a demandé et il nous en a mis pour 4€ donc on est reparti avec un bon paquet. On a un frigo dans Josy donc pas de soucis de conservation !
Tour de la montagne fait, on arrive par les hauts de Cornino. C’est assez impressionnant ! Nous avons vue sur la mer mais le dénivelé donne presque mal au cœur. Et si Josy s’emballait dans la descente ? C’est toujours la hantise de Nat. Allez… c’est parti.
Visite improvisée dans la grotte de Mangiapane
La petite route serpente au milieu de la végétation dans laquelle quelques maisons pointent. Il y a pas mal d’embranchements. On met le GPS via maps.me (téléchargé avant de partir et qui ne nécessite pas de connexion internet) pour nous repérer. Les indications ne sont pas très compréhensibles. Et là on voit une pancarte « Grota de Mangiapane » « Vas-y tourne à droite, quand j’ai préparé l’itinéraire j’ai vu cette grotte , ça a l’air joli et « insolite », je crois qu’elle abrite un ancien village. Il n’est que 10h. Si on passe une heure sur le site et que l’on commence la rando après ce n’est pas très grave. Il ne fait pas trop chaud avec ce ciel couvert donc on a le temps et puis c’est les vacances ! »
La grande piste qui nous amène au site est chouette. Elle serpente entre les oliviers et une végétation méditerranéenne. La mer nous fait face. Un pan de montagne fait apparaître une grande faille… c’est sans doute ici que la grotte héberge le village.
Il semblerait que ce soit un site touristique assez visité par les locaux et pas trop par les touristes… comme un petit coin que l’on voulait préserver et garder secret.
Il est encore tôt, le site ouvre à peine ; il n’y qu’un petit camping-car sur le parking (des français comme par hasard).
Nous avons l’endroit pour nous tous seuls. Après avoir payé un petit droit d’entrée, nous nous engageons sur le chemin qui serpente au milieu de vieilles petites maisons en pierre. Chaque recoin présente un aspect de la vie rurale d’une autre époque, c’est intéressant est très bien reconstitué.
Une partie du village est à flanc de la montagne et une autre abritée dans la voûte d’une immense grotte qui aurait été occupée dès le paléolithique.
Nat n’arrête pas de dire « j’adore, j’adore trop ». Le chemin progresse jusqu’au pied de la falaise. Nous croisons quelques chevaux, des chèvres aux cornes magnifiques et des volailles ce qui donne un côté très vivant et authentique à ce village abandonné. Il s’y dégage un sentiment de bout du monde, c’est clairement artificiel mais tous les objets semblent authentiques. C’est un musée en plein air, situé dans un cadre sublime, qui permet de remonter le temps dans une Italie d’une autre époque.
Le village doit son nom à la famille Mangiapane, qui y vécu du début du 19ème siècle jusqu’aux années 1950. Un groupe de passionnés a contacté le dernier membre de la famille qui a vécu ici pour lui proposer de reprendre le site et d’en faire un musée à ciel ouvert qui conserverait tel quel les outils, meubles ou objets de la vie quotidienne et locale.
Nous atteignons le clou de la visite : la rue principale du village qui commence à l’entrée d’une grotte gigantesque abritée dans l’immense faille qui mesure 80 mètres de hauteur et qui se termine au fond de celle-ci 70 mètres plus loin.
Les façades des maisons appuyées sur la roche sont collées les unes aux autres et chacune présente un métier avec ses outils d’antan (barbier, menuisier, marionnettiste, …) ou une « fonctionnalité » du quotidien d’autrefois (la cuisine, la chambre et salle de bain, la conservation du poisson …).
On aurait vraiment envie d’y revenir à la veille de Noël car le village et tous les petits ateliers s’animent à cette occasion.


Nous prenons le chemin du retour lorsque qu’un bus de touriste arrive. Il leur faut à peine 20 minutes pour expédier la visite alors que nous flânons ici déjà depuis plus d’une heure trente. C’est dommage, le site mérite tellement de s’y attarder un peu plus !
On reprend Josy pour rejoindre le début de la petite randonnée autour du Monte Cofano.
On vérifie bien aujourd’hui que le parking, face à la plage, ne soit pas payant. Nous sommes dimanche il y a beaucoup de monde en train de lézarder au soleil.
Randonnée du littoral autour du Monte Cofano
La rando semble bien balisée, il y a un même un gardien qui nous donne une carte et des explications sur les deux itinéraires possibles : un va jusqu’au sommet avec un dénivelé certain et l’autre fait le tour. Il nous explique que pour ce dernier, une partie du chemin n’est plus accessible car il y a eu un effondrement, on ne peut plus faire le tour c’est un aller/retour seulement… rien de très grave. Nous nous engageons sur un sol sec dans une végétation basse et un paysage caillouteux, il fait un peu chaud.
Le pan de la montagne que nous longeons est vraiment abrupt ; et de gros rochers, détachés du massif il y a sans doute plusieurs centaines d’années, viennent ponctuer comme des totems les espaces plats qui relient la mer au Monte.


















Ce n’est pas très baignable par ici. Les rivages sont très escarpés et la mer est agitée, un brin sauvage. Tout au début, il y a quand même une personne qui nage en longeant la côte… il avance au même rythme que nous, c’est un peu la honte, mais on s’arrête tout le temps pour faire des photos !
On se contente de suivre le chemin, d’admirer le paysage, de respirer l’air pur. Nat répète que c’est trop beau. Le sentier est facile.
Et puis au milieu de nul part, entre cailloux et végétation aride, on découvre une minuscule petite chapelle face à la mer perdue sur cette côte sauvage. Plus loin une petite grotte se niche dans un repli de la montagne, on aurait pu passer à côté sans la remarquer.
Nous arrivons jusqu’à une barrière qui a été déplacée, sans doute le début de la partie effondrée. On s’engage sur le sentier qui reste très praticable et on rebrousse chemin après avoir pique-niqué à l’ombre de la montagne face à la mer.
Il commence à faire très chaud et on se motive en pensant à la crique de sable près du départ… objectif petite baignade avant de trouver le spot pour la nuit.
À 15h30 on a fini notre balade côtière.
Fin de journée à Cornino
La petite baignade se transforme en sieste/lecture + petite bière/café + rebaignade. On passe la fin de journée comme un dimanche et comme les locaux autour de nous… à profiter sans se soucier du temps ; et on commence la soirée face au soleil couchant dans la guinguette de plage avec un p’tit verre de blanc sicilien juste « parce que on est bien là ».

En plus on a trouvé notre spot pour la nuit… bah ça sera là… à 100 mètres de la crique juste avant le départ de la rando, avec vue sur la mer. Le stationnement est interdit mais bon, c’est hors saison, et il n’y a vraiment pas grand monde dans le coin. Des voitures viennent s’y mettre pour assister au coucher de soleil, on se dit que de toute façon on bougera un peu tôt demain matin et que c’est mieux que de se mettre sur le parking sous le réverbère.

On s’installe une fois la nuit tombée et dînons dans Josy, la porte latérale ouverte sur la mer.
Quelques voitures font demi-tour derrière nous, aucune remarque. Dodo au bord de l’eau encore, le ronron des vagues nous berce pour la nuit… Face à nous Erice aura eu la tête dans les nuages toute la journée.
