Lundi 30 septembre 2019
Réveil face à la mer (encore)

Nous sommes réveillés vers 7h après avoir dormi la porte ouverte… le bruit des vagues en fond nous a bercé toute la nuit. Nous nous installons pour prendre le p’tit déj sur le petit banc face à l’anse d’eau bleue. Quelques nuages s’accrochent au somment du Monte Cofano. Il fait doux en ce lundi 30 septembre. Le ciel est parsemé de jolis moutons blancs… c’est tranquille.
Après avoir plié les affaires, nous prenons la direction de la réserve de Zingaro, située de l’autre côté de la pointe de San Vito lo Capo, passant des côtes de la mer de Sicile à celles de la mer Tyrrhénienne en quelques minutes.
À peine avons nous fait quelques tours de roue qu’un étrange engin nous fait de l’œil… un Fiat 900T dans un bien bel état… le cousin italien de notre combi vw… forcément on s’arrête pour la photo !
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- Fab photographie le véhicule vintage avec Combi vw
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- Fiat 900T devant le Monte Cofano en Sicile
La première réserve naturelle de Sicile... la réserve Zingaro
Le programme d’aujourd’hui est simple : ça sera rando/baignade ! Nous prenons la direction du parking de la réserve de Zingaro, un des sites les plus visités de cette partie de la Sicile et situé à une petite heure de route d’ici. Il y a deux entrées et nous décidons de faire la marche dans le sens sud-nord.
Cette réserve naturelle a été créée dans les années 80 suite à ce qui a été la toute première mobilisation éco-citoyenne de l’île. Les habitants du coin et quelques écologistes (3000 personnes quand même !) se sont rassemblés contre la création d’une route côtière qui aurait défigurée et traversée ce territoire et paysage d’exception.

Occupant le chantier, manifestant en famille, pancartes et bâtons de pèlerin à la main, le bras de fer a duré plusieurs semaines, et grâce à la persévérance et aux convictions de la population, le projet a été abandonné… la route ne verra jamais le jour ! Seul un tunnel subsiste… vestige des premiers coups de tractopelle. C’est la première chose que nous découvrons en arrivant sur le chemin avec une immense fresque rendant hommage à cette révolte écologiste.
Le sentier va suivre sur 6 kilomètres une côte rocheuse entrecoupée de nombreuses criques et serpenter au-dessus de la mer. Dès les premiers pas, nous sommes saisis par la beauté du paysage. L’eau en contrebas est limpide, le relief calcaire et la végétation basse & dense composée de steppe et de palmiers nains.

L’objectif de la journée est assez simple… marcher / manger / se baigner dans cet ordre ou dans un autre. Le chemin est superbe… surplombant la côte, offrant des points de vue vertigineux, plongeant vers l’eau turquoise et des criques enchanteresses. Bien qu’il soit déjà un peu tard (9h30) il n’y a pas grand monde. Nous croisons une mule et son muletier chargés de poubelles.
Notre petite crique au pied des falaises : Cala Marinella
À peine une heure que nous marchons. L’embranchement pour la Cala Marinella nous appelle.

On s’engage sur le petit sentier au milieu de la végétation qui nous mène vers une petite baie rocheuse aux eaux cristallines. Nous ne regrettons pas notre petit détour. L’eau est translucide ! Il n’y pas de plage mais des roches et juste un couple qui se baigne déjà… c’est terriblement beau.
On s’installe dans ce décor sauvage et allons nous baigner pendant que l’autre couple remonte. Nous ne sommes plus que tous les deux. Pour rejoindre l’eau, il faut descendre quelques rochers escarpés. Plouf ! Nous découvrons une petite grotte semi-immergée juste sous le gros rocher où nous avons posé nos affaires. Dans ce petit salon sous-marin, on peut s’asseoir les fesses dans l’eau et juste se laisser bercer par le clapotis & le va-et-vient des vagues. Nous décidons que c’est « notre » grotte puisque ici maintenant c’est « notre » crique ! On y est bien et on traîne un peu.. le temps passe vite. La pause baignade se transforme en escale de deux heures. L’arrivée d’autres personnes nous fait reprendre notre chemin et la curiosité nous pousse à aller plus en avant… il y a encore trois ou quatre criques à découvrir plus au nord…
Grotta Dell'Uzzo : ça monte et ça descend !

On traverse des petits espaces boisés au gré du sentier qui joue les montagnes russes passant d’un point de vue à une crique. Ça monte et ça descend et puis ça remonte et ça redescend et puis ça recommence. La terre est ocre et parfois blanche, les palmiers et les herbes de la pampa apportent un peu d’ombre.

On croise le petit musée de la réserve naturelle qui présente de l’artisanat et quelques travaux de vannerie. On y trouve surtout un peu de fraîcheur car le soleil commence à taper très fort

Après une petite grimpette, on rejoint la grotta Dell’Uzzo, splendide et impressionnante voûte creusée par l’érosion dans la montagne. C’est un site préhistorique. Quelques hommes y ont vécu il y a 10000 ans. La roche orange des parois est parsemée de touches végétales d’un vert intense. Il y fait frais, c’est gigantesque, on reste un moment la tête en l’air à chercher des visages dans les formes dessinées par les reliefs de cette vaste cavité.






Puis c’est la descente vers la Calla Dell’Uzzo. La crique est splendide vue d’en haut. On voit clairement l’eau transparente, la plage de sable blanc et les touristes qui barbotent… il y a un peu de monde et surtout deux bateaux de « jeun’s » posés face à la plage, musique à fond… ça chante, ça boit, ça crie et ça rigole… ça gâche bien le tableau. Bref… on passe vite fait, poussant un peu plus loin en quête d’un coin plus calme.
Musée Maritime et Cala Tonnarella Dell'Uzzo
À force de vouloir aller voir plus loin on se retrouve à la limite nord de la réserve à la dernière crique, la Cala Tonnarella où le « Museo delle Attività Marinare » surplombe le paysage. Il est hébergé dans l’ancien bâtiment de la Tonnara, nom donné au hangar utilisé par les pécheurs de thon qui travaillaient le long de cette côte avant que la surpêche n’ai eu raison de leur activité. Le site abrite aujourd’hui une expo consacrée à l’histoire de la réserve et à la pêche traditionnelle au thon. Photos d’archive, maquettes et reportages d’époque nous en apprennent davantage et nous plongent des décennies en arrière. Cette pêche traditionnelle est un massacre et certaines images sont difficilement supportables.

Nous ressortons assez vite et allons nous installer tout au bout de la plage qui est pas mal fréquentée. On se dit que l’été le site doit être bien encombré mais que c’est toujours mieux qu’une route et des voitures qui passeraient pas loin déversant encore plus de monde. La côte est vraiment superbe et intacte, simplement traversée par ce chemin de randonnée. On remercie les militants du 18 mai 1980 avant de plonger dans l’eau turquoise. On se trouve une petite cachette au milieu de gros rochers posés sur l’eau et créant de petites cavités ou grottes. Bien à l’ombre assis dans l’eau, nous sommes à l’abri du regard des autres baigneurs…
Ça monte et ça descends dans l'autre sens
Après un pique-nique rapide, on prend le chemin du retour un peu au pas de course. Il est déjà 15h et il y a 6 kilomètres à faire dans l’autre sens. Le soleil commence à descendre. Il va bientôt passer derrière la montagne et plonger la côte dans l’ombre. Nous faisons une petite pause à la Calla Berretta qui n’est déjà plus éclairée par l’astre avant de rejoindre Josy presque seule sur le parking… il est déjà 17h, la nuit tombe dans moins de 2 heures… les journées sont trop courtes !





Scopello, 5 kilomètres à parcourir et on trouve le moyen de se perdre !
Nous devons rejoindre Scopello et notre spot pour la nuit. Nous n’avons vu aucun panneau indiquant le camping à la ferme que nous visons et qui n’est pourtant qu’à 5 kilomètres. Ce n’est qu’à quelques minutes de route et nous suivons « bêtement » le gps. Arrivés en ville, Nat qui scrute l’écran indique, « C’est tout droit ! ». Fab engage Josy. Et nous voilà au beau milieu de la place la plus pittoresque du village avec le combi ! Nous roulons au pas sur les pavés. Quelques piétons étonnés nous regardent passer, une triplette de vieux siciliens assis sur un banc contre un mur nous font signe en riant que « Non, non, ce n’est pas par là ! ». Fab traverse la place et trouve une petite ruelle de sortie de l’autre côté. Le camping est indiqué à 200 mètres. C’est à ce moment là que l’on se rend compte que nous avions un sens interdit ! « Dis donc c’est joli ce petit village ! »
Nuit à l'Agricampeggio Scopello
Nous arrivons un peu tardivement à l’Agricampeggio Scopello qui nous plaît de suite. Ses emplacements en terrasse, au milieu des oliviers, sont bien aménagés. Il y a une vieille tour en pierre qui fait face à la mer sur la montagne derrière nous. Nous pourrions y grimper à pied mais il est un peu tard et n’avons plus de jus. Nous sommes à quelques centaines de mètres de la mer que l’on voit en contrebas. Nous sommes trop loin pour l’entendre mais sa vue depuis notre emplacement avec les lumières du soleil couchant a quelque chose de réconfortant.

Nous sommes tiraillés entre 2 possibilités : profiter de la soirée ici dans ce cadre très nature et ressourçant ou aller à pied jusqu’au petit centre piétonnier de Scopello. Le choix est dur ! Plouf plouf… on va manger en ville ! Cette courte étape au camping sera l’occasion de recharger les batteries, de refaire le plein d’eau et de prendre une douche chaude bien nécessaire après la rando de la journée.
On profite donc de la fraîcheur de la soirée par une balade tranquille dans le village de Scopello… ruelles pavées (que l’on connaît déjà un peu), resto avec vue et ambiance familiale…